071 - Faut-il vous l'envelopper (1968) by San-Antonio

071 - Faut-il vous l'envelopper (1968) by San-Antonio

Auteur:San-Antonio [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: San-A
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE II

LE TEST

Les lumières crues. Chacun de leurs rayons est une aiguille. Je m’éveille. Je suis toujours sur la table d’opération, mais le cadran s’est éteint. Aucun lien ne m’emprisonne plus. Le bruit léger d’une plume courant sur du papier attire mon attention. Je tourne la tête en direction du bureau métallique. Joan a retrouvé l’attitude qu’elle avait lorsque j’ai pénétré dans la pièce. J’admire ses hanches bien prises, en rêvant de les prendre à mon tour.

— Excusez-moi de vous avoir momentanément abandonnée, lui lancé-je plaisamment. Mais il semblerait que ça ne soit pas entièrement ma faute.

— Oh, Édouard, vous voici réveillé.

Le pauvre Édouard quitte la table capitonnée. Ses cannes mollassonnent un brin, pourtant il parvient à reconquérir son centre de gravité. A petits pas évasifs je me dirige vers la burlingue de la môme. Elle est en train d’écrire des notes dans une case d’un grand panneau étalé devant elle.

Un titre rédigé en caractères en relief domine la pyramide des cases. Je lis « Traitement T.C. d’Édouard Moran. » Une date est portée au début des douze premières cases, précédant des indications rédigées en abrégé et auxquelles je ne pige rien.

Joan me laisse examiner impudemment son boulot d’écriture. Elle continue de jeter ses mystérieuses annotations à petites convulsions de stylo. En tête de la case qu’elle noircit, je lis la date du 18 octobre. Je ne sais pas pourquoi la chose me trouble, me choque même. Je pose mon doigt sur le papier glacé.

— Qu’est-ce que ça signifie, 18 octobre, Joan ?

Elle relève la tête. Un sourire m’est tendu.

— En voilà une drôle de question, Édouard. Ça veut dire que nous sommes le 18 octobre.

Je secoue la tête. Ça y est, je sais maintenant l’origine de mon trouble.

— Pas du tout, Joan, vous vous gourez, ma toute belle, nous sommes le 18 septembre, ou quelque chose dans ce genre ! Attendez... Je réfléchis... Je revois un calendrier dans un grand bureau maussade, très administratif, où un gros crasseux est en train de tartiner des rillettes du Mans sur une moitié de pain de deux livres. 17 septembre, annonce le calendrier. Je ne me rappelle plus bien quel est ce bureau ni qui est ce gros homme, par contre je suis certain d’avoir consulté ce calendrier la veille d’aujourd’hui, c’est-à-dire hier, sauf erreur.

Le sourire de Joan s’évapore. Son regard se fait insistant, soudeur. Quand vous essayez un costar, les gars, c’est pas dans la glace qu’il faut essayer de découvrir s’il vous va, mais dans les yeux du tailleur. Je lis ma détresse dans ceux de la fille. Une détresse peut-être pas physique, spectaculaire en tout cas.

— Nous sommes le 18 octobre, Édouard. Ça fait un mois que vous êtes ici.

— Un mois ?

Voilà que des trucs indéfinis remuent en moi, bouillonnent.

— Je vous le jure, vous ne me croyez pas, Édouard ?

J’essaie de réfléchir...

— Si, admet-je d’un ton piteux. Si, Joan, je vous crois... Seulement il me semblait...

— Toujours se méfier des apparences, Édouard.

Je secoue ma pauvre tronche accablée.

— En effet.



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